Contrôle Chinois, de 1984 à nos jours

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Contrôle Chinois, de 1984 à nos jours

Billet par Mag


En Chine, le projet d’évaluation et de notation des comportements des citoyens chinois, annoncé en 2014 par son gouvernement, n’est plus un fantasme.

Le programme nommé « crédit social » est officiellement en place depuis le 1er mai 2018, afin d’évaluer et de récompenser ou sanctionner les citoyens en fonction de leur comportements, et de leur classement (1).
Ainsi, les « bons citoyens » se voient gratifiés de bon points et d’avantages, allant du passage sans attente dans les aéroports et gare, aux réductions sur certains achats, ou places prioritaires pour l’accès à des logements.
Pour les « mauvais citoyens », mal notés, les effets sont évidemment inverses : refus de prêts ou d’accès à des logements et moyens de transports, voir refus d’inscription sur des sites de rencontres.

Tout est question de comportement et de situation sociale.
Pour exemple, les chinois endettés, à découvert, ou ayant des amendes, sont gratifiés de mauvais points. Ils sont répertoriés sur un fichier de mauvais payeurs, en place lui depuis longtemps, en ligne, et consultable par tous. Lors d’un appel téléphonique, un message prévient l’interlocuteur de la situation de « mauvais payeur », permettant de repérer les personnes peu fréquentables.
Car fréquenter des personnes de cette catégorie donne de mauvais points, par contamination.
Il va de soi que la critique du système chinois, tant politique qu’économique, conduit les notes à la baisse.
Au contraire, une stabilité financière, des achats de produits chinois, un éloge de l’économie nationale, l’efficacité au travail, apportent de bons points, donc un bon classement.

Dans la pure tradition communiste chinoise, la récolte d’informations se fait avant tout auprès des administrations et tout ce qui touche à la vie quotidienne : état civil, travail, impôt, études, justice, banques, communication.

Pour peaufiner ces informations le gouvernement s’appuie aussi sur d’autres sources :

D’une part, sur les géants du net, qui ont depuis plusieurs années mis en place, comme dans le reste du monde, la récolte des données personnelles et des systèmes de notation.
Le plus important est la société Alibaba et son mode de paiement Alipay, avec plus de 400 millions d’utilisateurs.
Ainsi, les applications, téléchargeables sur les téléphones, facilitent le quotidien des citoyens, tout en  collectant les informations. Sans surprise, par ce biais, l’accès aux déplacements, achats, centres d’intérêt, sont analysés et deviennent des données, par la suite transmises au gouvernement. Celui-ci ayant déjà la mainmise sur les communications et le web chinois, le contrôle des flux sous contrôle permanent, via un accès ultra réglementé, peut recouper et affiner ces évaluations.

D’autre part, un système de caméra et de reconnaissance faciale rend possible un suivi en temps réel des citoyens, dans la rue, les bâtiments, sur les routes.
La reconnaissance faciale, aujourd’hui rentrée dans la vie quotidienne des chinois, permet d’effectuer bon nombre d’opérations (retrait bancaire, accès d’immeubles), rapidement, ce qui conduit ceux-ci à l’accepter plus facilement. Cette pratique est encore en plein essor et n’a pas fini de se perfectionner, le marché financier étant de plus colossal.

La surveillance est ancrée dans le pays depuis longtemps avec les « unités de travail » et les « comités de quartiers », mais la technologie confère une instantanéité de ce contrôle qui en devient encore plus effrayant. Les habitants sont informés en temps réel de leur notation grâce au plus fidèle policier de tous les temps : le téléphone portable. Celui-là même, qui transmet bon nombre d’informations aux industriels et à l’État, tient informé le citoyen de sa notation.

Ainsi, sous contrôle permanent, le citoyen reste modèle, pour être inséré au mieux, espérant obtenir les meilleures grâces et rester loin des foudres. Orwell décrit ce système dans 1984, la Chine le rend réel.
Ne soyons pas dupes, loin d’être une exception, la Chine a plutôt quelques longueurs d’avance et moins de complexes à réaliser au su de tous, ce que nos grands dirigeants internationaux, industriels et politiques, nous vendent au travers des progrès technologiques, de la modernité, de la facilité, de la sécurité. Il semblerait que les dés soient lancés, faites vos choix…

Source :

Global Times journal chinois publié en anglais et chinois

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